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Portes et Miroirs, tome II
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14 novembre 2009

Salon du premier roman à Draveil

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Il pleut, si j'avais une boussole je saurais dire d'où vient le vent qui souffle par rafales. Dans un moment, on me conduira à Draveil au théâtre Donald Cardwell ( Au théâtre ce soir : ...et les costumes sont de Donald Cardwell ; une émission des années 60 ? Je me souviens du générique). C'est là que se tient le salon du premier roman : tables rondes, dédicaces, rencontres ; j'espère que la pluie ne découragera personne !

 

Ah, une petite éclaircie tout de même.

 

Matinée de conversations avec quelques auteurs  invités, je sympathise avec Anne Révah ; j'avais remarqué son roman dans le catalogue qu'on nous a remis, je suis donc heureuse de pouvoir parler avec elle. Dès que le stand de la librairie ouvre, je file acheter son Manhattan et au déjeuner, je m'isole un peu pour commencer à le lire : il sort du lot. Pourtant, ce n'est pas lui qui remporte le prix du premier roman ; c'est L'attente du soir de Tatiana Arfel, publié chez José Corti qui a séduit les jurés. Ces lecteurs acharnés ont souvent lu la majeure partie des cinquante romans sélectionnés et l'après-midi, lorsque le salon est ouvert au public, ils sont nombreux à venir nous parler de nos livres ; j'en signe beaucoup et je rencontre un étonnant chauffeur de taxi qui m'interroge sur la construction particulière des Fantômes de Sénomagus ; je cite Sherwood Anderson et son Winesburg, Ohio, il me dévisage avec stupeur. Vous connaissez Sherwood Anderson, me demande-t-il ? C'est la première fois en vingt ans que je rencontre quelqu'un d'autre qui l'a lu. Il est enthousiaste et nous parlons un long moment de littérature américaine, de Faulkner qui considérait Sherwood Anderson  comme un géant parmi des pygmées.

 

Vers sept heures, je suis surprise de voir débarquer un vibrionnant équipage de photographes et de journalistes. Dominique de Villepin, en campagne de proximité (ah, Pascal Durand, il faut recommander la lecture de votre lumineux essai, La censure invisible) dans le fief du député-maire UMP Georges Tron - il faut lui rendre cet hommage, loyal à Villepin, il a refusé le portefeuille de ministre de l'Outre-mer que lui proposait Sarkozy. Longs discours, très politiquement corrects, remise du prix, cocktail ; je reste assise à ma place, je discute avec une lectrice. Plus tard, restaurant sur la Seine, on m'invite à m'asseoir à la table du maire ; les choses sont rapidement claires, nous ne sommes pas du même bord (je lui conseille la lecture de l'essai de Pascal Durand, en bon politique il note dûment le titre sur son calepin...) mais la conversation va bon train sur de multiples sujets - la littérature, le processus de création, l'importance de la forme, la place du livre en tant qu'objet, la beauté du format des livres d'Actes Sud, le livre électronique, l'ostéopathie, l'homoparentalité et j'en passe... à deux heures du matin, Côtes-du-Rhône aidant, un mini conseil municipal s'improvise autour de la proposition de Brice Hortefeux d'un couvre-feu pour les moins de treize ans déjà reconnus comme délinquants... vocabulaire d'état de siège, la guerre est déclarée contre les jeunes. Quelqu'un me lance avec politesse : est-ce que ce ne sont pas les jeunes qui déclarent la guerre aux adultes ? Finalement, c'est plutôt amusant de débattre avec des gens dont les opinions politiques diffèrent totalement. Je suis naïve, mais pas au point de croire que je convaincrai quiconque, j'y mets cependant tout mon cœur, pour la beauté de la joute...

 

La discussion prend un tour nettement plus tendu sur la question de l'homoparentalité : le député-maire dit non avec détermination en avançant la nature et son modèle de reproduction sexuée  comme argument définitif ; j'affirme que la différence  entre l'homme-mammifère et l'homo sapiens sapiens, c'est sa capacité à construire une culture et que la nature n'est pas nécessairement un modèle idéal pour l'homme. J'ajoute, un brin provocante, que si on réfléchit bien, la nature est la plupart du temps hostile à l'homme, que nous passons la majeure partie de notre temps à la dompter. A part moi, je me dis que lorsqu'on invoque la nature humaine, c'est toujours pour la déplorer ; donc réfuter la notion d'homoparentalité en se fondant sur la nature ne me paraît pas être un argument de poids. En réalité, je trouve qu'il s'agit d'un argument dangereux.

 

Plus tard, je refuse qu'on me raccompagne à l'hôtel qui n'est qu'à deux pas ; de toute façon, j'ai la tête comme un tambour, je m'amuse à fouler les feuilles de tilleul tombées à profusion. Dormez bonnes gens, la cité est calme, on veille pour vous.

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