Somewhere over the Rainbow
Terminé la lecture du Petit éloge de la rupture de
Brina Svit, ; ma capacité à l'oubli est un puits sans fond, c'est assez commode. En revanche, le
recueil de Shûsaku Endô est une perle délicate, je relis la nouvelle intitulée Les ombres derechef.
Mes beaux-parents viennent déjeuner ; Bernard prépare une soupe marocaine avec beaucoup de coriandre, mais la tarte aux pommes et aux noix, c'est moi. Nous parlons des pères et des mères. Le sujet est épineux, la mièvrerie autour du lien maternel absente. J'apprécie. Les discours convenus sur le ventre des femmes et les bébés me laissent sceptique, surtout parce que, mine de rien, ils sont un moyen de définir un territoire où les hommes ne sont admis qu'avec condescendance. Ce petit côté la-femme-est-l'avenir-de-l'homme m'exaspère. En revanche, qu'une femme soit le passé d'un homme... Est-ce que Woody Allen n'a pas dit une chose dans ce goût-là ?
Ciel brossé, à la Gainsborough, je croyais voir un arc-en-ciel, mais non, la campagne entière est nimbée de cette étrange lumière. Serions-nous en plein milieu de l'arc ? Mentalement, je chantonne Somewhere over the Rainbow. Je suis incorrigible, je m'émerveille, tous les prétextes sont bons. Le soleil est rare, et le bonheur aussi, chère Mélody Nelson.
Après-midi d'écriture et de révision de traduction. Je me pose de nombreuses questions. B* rempote un robuste camélia et
l'arrose avec la pluie recueillie dans les bassines disposées sur la
terrasse pour lui éviter le choc de l'eau de Cabrières trop calcaire.
Mes citronniers sont envahis par la cochenille, encore. Une mesure
radicale s'impose, tailler à ras, brûler les feuilles et les branches
contaminées. Cela m'aide à réfléchir.