Pendules à l'heure
Aujourd'hui lecture, écriture, en affamée. J'essaie de fixer les impressions d'une semaine loin de mes fantômes familiers mais au fil des heures le sentiment de remonter un escalier mécanique lui-même en descente accélérée me donne la nausée : je laisse tout sur le bureau et pars en balade vers le lac de la Bonde. J'assiste à un poétique et céleste phénomène, soleil et lune ensemble - elle se lève, lui se couche, ils se font face un instant, le baiser du jour à la nuit. Je m'attends presque à voir surgir un rayon vert des confins de l'horizon.
L'obscurité tombe vite, je marche au bord des vignes détrempées par la pluie de la veille, mes semelles se lestent de glaise bleue. Je flaire le parfum des feuilles d'aulne et de peuplier, amer, j'aime - et aussi la vase fade des ruisseaux, les raisins blets, tout me plaît.
J'ai remis mes pendules à l'heure, j'allume le feu.