Thésaurus

Première gelée blanche ce matin. Une poignée de brindilles, quelques pommes de pin dans le poêle, petit déjeuner en lisant.

Le ciel est immense et à l'approche des Alpilles où je me rends comme à l'accoutumée en fin de semaine, un reste de mistral en fait vibrer les bleus.

Aujourd'hui longue conversation  avec Hubert Nyssen au sujet de ses cinq premiers romans à paraître début novembre sous forme de Thésaurus.

Hubert,   j'en ai fait la connaissance par hasard. Dans une voiture, un dimanche, en écoutant une émission sur France Inter, un Kriss Crumble qui lui était consacré. J'avais pris l'émission en cours de route et j'ai tout de suite été saisie par sa manière d'évoquer la genèse et l'écriture de trois de ses romans (qui ne figurent pas dans ce premier thésaurus) : Quand tu seras à Proust la guerre sera finie, La femme du botaniste et La leçon d'apiculture. J'ai ralenti pour écouter l'émission jusqu'au bout, en apnée. Encore un exemple à mettre sur le compte des princes de Serendip et leur illustre principe ?
Pour moi qui dévorais la littérature anglophone depuis l'âge de dix-huit ans de façon quasi maniaque et presque exclusive, une fenêtre venait de s'ouvrir. Sans doute le mistral, le meilleur ennemi d'Hubert, en a profité pour s'engouffrer et nettoyer pas mal des préjugés que j'entretenais sur la littérature française contemporaine. J'ai passé ensuite la journée dans une grotte, à ramper dans des tunnels, me balancer sur de minces échelles de métal au-dessus de puits obscurs - mais dans mon esprit la fenêtre est restée, rectangle lumineux ouvert sur un horizon plein de surprises ; je n'ai même plus pensé à me sentir angoissée dans ces étroites bouches de pierre prêtes à me happer, laminoirs ou chatières que je déteste et où je ne m'aventure que par défi.
Le soir, en rentrant, j'ai tapé sur le clavier de mon ordinateur l'adresse du site d'Hubert et j'ai découvert ses Carnets. J'ai commencé à les lire, à ce jour je continue. Ce que j'ai fait aussi, c'est commander les trois livres dont il avait été question dans l'émission de Kriss ; je les ai lus en quatre nuits, me suis tout de suite mise en quête des autres, et oui, j'ai lu tout ce que j'ai pu me procurer : les romans, les poèmes, les carnets, les essais... J'appartiens au genre des lecteurs systématiques : lorsque je découvre un auteur qui me plaît, je lis tout ce que je peux trouver. Les soeurs Brontë, Jane Austen,Thomas Hardy, Elizabeth Gaskel, George Eliot, D.H. Lawrence, Edith Wharton, Tennessee Williams, Faulkner, Melville, Hawthorne...
Un peu plus tard,  j'ai envoyé un courriel à Kriss et à Hubert pour les remercier de leur émission, prélude à cette découverte. A la lectrice enragée que je suis, quelle plus belle trouvaille qu'une mine de livres à explorer ?