Un lundi

Journée dense au lycée, nous travaillons bien ; soleil radieux, à peine une brise. Dans la cour, un figuier laisse tomber ses figues trop mûres, les guêpes s'enivrent du suc doré qui goutte. Le parfum des feuilles de figuier, je voudrais le conserver toujours.

Sylvie  Ely se souvient de sa promesse - me faire visiter l'exposition Cézanne-Picasso sous la houlette de Bruno Ely, le commissaire de l'exposition : je l'avais entendu sur France Culture au mois de juin en parler avec une profondeur rare de nos jours. J'ai eu raison de ne pas me précipiter, je vais avoir la chance d'une visite privée conduite par le bonhomme vendredi en fin d'après-midi. Alaïs est ravie d'en profiter aussi.

Ce soir, Bernard s'est fait enlever les points qu'il a arboré dix jours durant et c'est à peine s'il reste une trace, tout juste une fine ligne décolorée qui disparaîtra avant trois mois.

Je regarde un DVD reçu aujourd'hui, La fille coupée en deux de Claude Chabrol. Je ne parviens pas à croire que le personnage incarné par Ludivine Sagnier puisse provoquer un tel paroxysme de passion. Certaines scènes me harponnent, d'autres m'irritent, au final je suis déçue. Je n'arrive pas à me laisser aller à la nécessaire suspension of disbelief telle qu'elle est décrite par Coleridge. Presque tout  me paraît faux, rien ne me donne vraiment envie d'entrer dans le jeu et me laisser porter par la fiction.

A la radio, la fièvre déclenchée par la grippe cochonesque n'en finit pas de faire des poussées : délires et convulsions s'ensuivent. On commence à évoquer une épidémie de suicides sur les lieux de travail qui me paraît autrement grave  - conséquence directe des valeurs dévoyées du système libéral, le mépris.

Demain, journée de réunion sur les projets liés à l'Europe dans un lycée de Vitrolles. Je n'aime pas cette ville, mais ce n'est pas très grave, je n'y vais pas pour rester.