Dans les archives : de vent, de bise

Plonger ses filets dans des archives notariées de la fin du XVIIème siècle, c'est ramener à la surface des expressions perdues comme de vent, de bise ; elles indiquent le sud et le nord, très probablement : la parcelle touchant de vent les terres du sieur X, de bise les terres du sieur Y... De vent, de bise, de tramontane, de mistral, de burle, de chamsin, d'étésien, de ghibli, tiens d'auster aussi, un vent chaud du midi. Pas de haboob en vue, ce mur de sable et de poussière qui passe sur le désert et le chamboule et en modifie toutes les formes.

Je suis tombée sur cette page qui décline tous les noms des vents du globe : dieu que j'aime les listes, on ne dira jamais assez la poésie des listes. Je crois bien que la liste est un genre dans la littérature chinoise, j'ai dû entendre ça à la radio un jour. Je lance ma souris sur la piste, elle trouve : dans la littérature chinoise, ce genre de listes se nomme tsa ts'ouan ; mais ce dont je me souviens en réalité, ce sont les Notes de chevet d'une dame d'honneur à la cour de l'impératrice Fujiwara Sadako à Kyoto au XIème siècle, Sei Shônagon ; voici  la liste des anecdotes abordées,  litanie réjouissante en soi :

Choses dont on néglige souvent la fin

Choses détestables

Choses qui font battre le cœur

Choses qui font naître un doux souvenir du passé

Choses qu'il ne valait pas la peine de faire

Choses splendides

Choses qui sont loin du terme

Choses qui n'offrent rien d'extraordinaire au regard, et qui prennent une importance exagérée quand on écrit leur nom en caractères chinois

Choses qui ne servent plus à rien, mais qui rappellent le passé

...

Pour les choses fâcheuses, Sei Shônagun écrit :

En présence de mets délicats avoir le ventre dérangé.
Voir le tonneau de vin à sec alors qu'on voudrait passer la nuit à festoyer.
Sentir une soudaine démangeaison dans le dos au moment de l'audience accordée par un haut fonctionnaire.