Autour de Ganagobie

Exploration en allant au prieuré de Ganagobie. Mont Justin, Mane, Forcalquier, Lurs. J'aime cette région sauvage. Nous nous arrêtons dans un village où deux chats ne nous lâchent pas les talons. Nous admirons une chapelle romane, B* me fait remarquer que dans ce pays, les pierres ne font que changer de place pour un temps : des champs, elles se retrouvent dans les murs pour finir à nouveau dans les champs.
A Beaumont de Pertuis, une halte chez Simone qui me donne des oranges amères dont elle ne savait que faire. Elle viennent du jardin de sa mère, personne ne les aime et elles finissaient régulièrement à la poubelle. Ces oranges sont magnifiques, plus acidulées que celles de Séville, la confiture est un peu plus douce, mais délicieuse. Hélas je n'ai plus de sucre, il faudra que j'en rachète.
Ce matin, je n'avais pas envie de commencer la journée en écrivant dans ce journal, alors j'ai traduit quelques pages de Winesburg Ohio de Sherwood Anderson. Je pense à Michel Tournier qui disait avoir appris son métier d'écrivain en traduisant. Il est vrai que l'exercice force à la fois l'agilité de l'esprit et l'endurance. Il permet de réfléchir à la structure profonde des phrases dans sa langue maternelle, aux diverses possibilités du vocabulaire et bien sûr il exige parfois des prouesses de funambule qui donnent des éclairages différents sur ce qu'on croyait savoir  !
Devant le poêle où nous avons allumé le feu, nous nous disons qu'il ne s'agit pas d'enfourner n'importe quel morceau de bois pour avoir chaud ; certes le nombre de calories fournies est sûrement le même entre un reste de planche et une bûche de même taille, mais la bûche construit tout l'imaginaire associé au feu, au foyer et réchauffe mieux que des bouts de planches sans grâce. Aussi, chacune des bûches ajoutée à notre feu transporte avec elle le souvenir des heures au grand air, à la lumière, dans la quiétude absolue de la colline où nous sommes allés les chercher. C'est un beau feu.
Ce soir, nous regardons Pride and Prejudice (Orgueil et préjugés), la version tournée par Joe Wright. Nous avions visité certains des lieux du tournage dans le Peak District, l'une de mes régions préférées d'Angleterre. Cet été pourtant, nous irons plus à l'ouest, dans le Shropshire cher à à l'écrivain Mary Webb (auteur entre autre de Gone to Earth , un roman traduit sous le titre La renarde, adapté en film  par Powell et Pressburger). A notre grande satisfaction, Alaïs regarde le film avec nous et tombe sous le charme. Jane Austen continue de séduire.