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Portes et Miroirs, tome II
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24 janvier 2009

Vendredi, samedi

P1030422














Il pleut, des sources ont crevé le flanc des talus
sur la route qui longe le Luberon vers Arles : y naissent des brouillards qui la masquent , à l'aller comme au retour. Je ne suis pas pressée, j'ai cent fois l'impression de perdre mon chemin, mais c'est pour rire : je sais bien où je vais.
Récompense à l'arrivée ; dans une salle pleine comme un oeuf, j'écoute Daniel Mesguish et Brigitte Engerer, avec bonheur. Au coeur de la soirée flambe un poème d'Aragon que je ne connaissais pas et qui m'a fait pleurer. D'habitude, je ne pleure sans vergogne qu'au cinéma : l'obscurité est dense, je ne connais personne ou alors c'est Bernard qui m'accompagne et il est si bien habitué à la suceptibilité de mes glandes lacrymales que je ne me sens pas gênée, mais hier soir il en allait autrement, je n'étais pas au cinéma ; pourtant, je n'ai pas pu m'empêcher de faire secrètement l'idiote, j'étais bouleversée par ces Rendez-vous.

J'ai eu du mal à retrouver le poème tel que DM l'a lu, mais en tâtonnant, j'y parviens presque : il est ici, dans sa version complète, je crois.

Ce matin, je décide d'aller à nouveau à la salle de gym, un antidote naturel au blues de saison. P. vient discuter pendant que je m'échine à courir sur un tapis qui ne va nulle part et ne risque pas de s'envoler. Nous évoquons nos gosses, les tempéraments de chacun (dans la salle, il y a un Attila de trois ans qui sévit sous l'oeil  impavide des parents). Nous parlons de notre passé de gamins silencieux et sauvages, de la difficulté qu'il y avait, à l'école, d'être singulier de cette façon. Ce n'était pas de la timidité, juste le désir d'être en retrait, de contempler, d'être prudents peut-être. Nous disons aussi l'admiration sincère que nous avons pour ceux qui semblent si parfaitement à l'aise en société, ces filles et ces garçons populaires que tout le monde recherchent. Nous disons aussi qu'avec les métiers que nous avons choisi, il nous est indispensable de disposer de longues heures de solitude. Et aussi nous parlons des périodes de rechutes où nous avons envie de rester dans nos terriers : ça nous fait rire. Ce qui nous amuse aussi, c'est que tous les deux, nous avons des conjoints qui eux sont naturellement à l'aise en société, complètement différents de nous ; des boucliers qui nous protègent, je pense.

Cet après-midi, je rends visite à mes parents et à ma grand-mère de 94 ans ; elle achète l'air qu'elle respire, dit ma mère. Elle souffre d'une bronchite, un poisson hors de l'eau respirerait mieux.

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