Dans un galet de la Durance
Ciel franc et promesse de grand soleil ce matin. Je lis, j'écris. Un à un émergent les habitants de la maison pour partager le thé, les tartines, réclamer des croquettes. Nous allons récolter des galets au bord de la Durance ; le courant interdit l'accès aux iscles, nous les convoitons de loin ; j'aimerais savoir pêcher à la mouche, c'est une forme de méditation qui me conviendrait bien et me changerait de la confection de confitures ou de tartes lorsque j'ai besoin de résoudre un problème.
Retour à la maison où je tourne et retourne d'autres cailloux dans mon for intérieur. J'espère les transformer en galets aussi. Qui n'est pas fasciné par le microcosme d'un galet ? Dans le creux de la main, on tient la réplique de Vénus, Jupiter, Saturne ; volutes de gaz, bancs de nuages, anneaux, vestiges de satellites fracassés dans quelque monumentale collision, une image de l'univers au-delà de notre sphère fragile figée là, telle une photographie. Mes yeux incapables de scruter l'infiniment grand ou l'infiniment petit font appel à un outil bien utile, l'imagination, pour distinguer les mouvements de ce qui semble inerte dans ma paume et ne l'est pas, je le sais.