Secrets
Flocons sur le Ventoux mais ce n'est pas l'hiver - juste l'air cru de l'automne. Les vignes et les érables au flanc du Luberon ne vont pas tarder à trouver le secret de l'or.
Hier, fin d'après-midi, passé une grande heure à la laverie automatique de la Tour d'Aigues - cellule de moniale où je médite en regardant tourner les couettes, l'eau savonneuse, au lieu d'égrener un rosaire.
De retour au bercail, vu Borgen avec l'Homme : chacun sur un canapé, repas télé, au son de la première flambée de genêt dans le poêle. Faramir, le jeune chat de l'année, découvre le plaisir pur de se vautrer sur le plancher chauffé à la flamme. Nous aussi, pur plaisir animal de manger au chaud, à la romaine, devant une bonne série.
Levée très tard, perdue dans des rêves où je converse. Ainsi qu'on surprend une conversation au téléphone, l'Homme n'entend pas mes interlocuteurs, seulement ma voix. Monocorde, basse mais intelligible. Il a du mal à déduire de quoi il s'agit, il est lui-même dans un demi-sommeil lorsque je le dérange ainsi. J'aimerais savoir si j'ai des secrets que je ne me serais pas avoué à moi-même.
Je me suis fabriqué un bureau mobile devant la fenêtre de la terrasse, table et chaise de jardin légères, et je suis le soleil. Pour la première fois depuis des mois, je cherche la chaleur au lieu de la fuir. Je travaille à ma concentration. Hier j'ai essayé d'apprendre les paroles de... voilà... je ne me souviens même pas du titre - alors les paroles...
J'écris, j'essaie. Je poursuis ma lecture des Carnets de Camus - je me remplis de ces mots qui ne m'appartiennent pas mais qui résonnent à grands échos.
Rentré les plantes gélives. La maison prend des allures d'orangerie.