Lumière d'août

Les orages d'août sont venus avant le 15 et la lumière est déjà plus douce - lentement on glisse vers le début de l'automne. Tant mieux, je n'ai jamais tellement apprécié la campagne desséchée, en poudre, et les ciels blancs du mois d'août où tout semble s'écrouler dans un incendie sans fin. Quoique cette année, avec toute la pluie, le vert domine et les ronciers sont pleins de mûres qui n'attendent que la cueillette et la transmutation en précieuse gelée. Dans le cellier, tout est prêt : le sucre, la bassine, les bocaux. Un instinct du fond des âges qui n'est pas passé par ma mère, mais probablement par toutes les autres femmes de ma lignée m'incite à la conserve, aux étagères garnies. Si je n'étais pas si paresseuse j'aurais un poulailler et un potager. Il y a quelque chose de réconfortant à l'idée de ne pas dépendre d'Hyper U. Sauf pour les croquettes des chats. Il n'y a pas assez de gibier dans le jardin pour subvenir aux besoins de tous les chats et chatons qui vivent chez nous ou bien dont j'ai la garde pour l'été.

Arrangé la terrasse, déménagé des pots de fleurs, rajouté de la terre ici, mis de l'engrais là, et la planète continue de tourner. J'évite les infos, sinon je doute de la légitimité de mes petits bonheurs quand tant de bonshommes (dans le lot quelques mégères aussi) sont occupés à se trucider ou bien se remplir les poches au détriment des membres de leur propre espèce. Je me demande si ce désespoir et cette terreur continus ne font pas partie du grand plan de la sauvegarde de l'espèce au détriment de l'individu. Si nous vivions dans une quiètude permanente, est ce que nous écririons de beaux livres et produirions des chefs d'oeuvres inoubliables ? Peut-être qu'on ferait la sieste et des enfants et que l'espèce s'éteindrait tout doucement, étouffée par sa propre inertie. C'est dommage pourtant, j'ai toujours préféré l'individu à l'espèce.

L'Homme, en Lorraine, met à l'épreuve sa fiction : est-ce qu'elle tient le coup face à la réalité des paysages ?

Le village fête la Saint Laurent, une imposante affaire qui dure 5 nuits et nécessite la présence de poseurs de sons tonitruants jusque tard. Je préfère les fêtes simples où la musique est à portée d'oreille et où les conversations ne sont pas étouffées dans l'oeuf par les décibels. Je dors fenêtres closes jusqu'à trois heures, le manque d'air frais me réveille : j'aime dormir dedans/dehors.

Comments

[brigitteallegre]

Merci, Sylvie, de vous dévoiler ! On se sent seul au clavier, parfois, un peut comme sur une île déserte où tout signe de vie est le bienvenu... Je partagerai mes noix de coco quotidiennes avec encore plus de plaisir...

[Sylvie]

Bonjour,

je viens de réaliser (ça fonctionne au ralenti parfois...mais c'est l'été après tout), que je passe vous lire régulièrement et que j'adore ça :les sensations évoquées, les petits bonheurs, les photos toujours belles, et les nouvelles de la famille chats bien sûr, votre travail d'écriture, bref la vie. Mais plutôt que de rester derrière l'écran en cachette, je vous le dis: ce blog fait partie de mes petits bonheurs à moi. Continuez à nous enchanter.

Merci.