La coopérative des croque-fruits
J'ai rarement mal, la gent médicale m'en félicite, s'en étonne parfois. C'est que je crains la douleur physique comme la peste. Au retour d'un examen, le soupçon qu'une algodystrophie prétendrait se loger dans ma cheville gauche me déstabilise un tantinet. Je ne suis pas comme le héros de Grimm qui ne connaît pas la peur et cherche à savoir à quoi elle ressemble. La douleur physique, je ne cherche pas à l'éprouver pour la connaître, je dispose d'assez d'imagination et suis suffisamment douée d'empathie pour me faire une idée de la gueuse.
Bernard a dégagé d'entre les genêts qui l'étouffaient un joli petit grenadier ; à présent, dans le jardin, une allée en pente mène jusqu'à lui. Cette année, il avait fleuri. Donnera-t-il quelques fruits l'année prochaine ?
Alaïs me montre les nus qu'elle a croqués ce matin, dont une série réalisée sans que la mine ne quitte le papier - je les trouve... ah, on dira que je ne suis pas objective. Je me tais.
Je vais continuer à lire l'autobiographie de l'étonnante Mary-Jane Gold, Marseille année 40, ou comment une jeune insouciante de la haute bourgeoisie de Chicago s'engage pour sauver des intellectuels recherchés par le Reich, s'entiche d'un voyou marseillais et l'élève au statut de héros. Je cherche des renseignements sur la clique des Croque-fruits...