Dieu, les moustiques et l'homme

Je me plains d'y voir moins bien lorsque la pénombre s'installe, ce qui fait rire l'ophtalmologue - il me recommande d'acheter une ampoule plus puissante pour ma lampe de chevet et de revenir dans deux ans pour d'éventuelles lunettes. Bernard me montre ce que lui ne parvient plus à lire. J'approche la cinquantaine et je me sens  au fond satisfaite de mes risibles difficultés, ça sert à ça les visites chez le spécialiste : ses machines, noir sur blanc, prouvent que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.

Dans Mad Men, une série qui me fascine, un enfant demande à son institutrice si lorsqu'il voit du bleu, c'est le même bleu pour tout le monde.

Alaïs se lance dans l'éco-art aujourd'hui... Je ne sais pas trop ce que ça veut dire, mais elle construit en pleine forêt un sauna, et ce soir elle fait griller du saumon sur les pierres chaudes au bord d'un lac - proche du jardin d'Eden. Les moustiques, m'écrit-elle, sont de la partie. Je réponds en citant plus ou moins bien une réplique de Kirk Douglas dans The Big Sky (La Captive aux yeux clairs) de Hawks que Dieu a créé les moustiques afin que l'homme se souvienne de son insignifiance. J'espère qu'elle a son tube d'Apaysil, que l'Homme a inventé pour apaiser les démangeaisons de son égo piqué au vif.