La fin de juin

Il n'a pas fallu une semaine pour qu'Alaïs cède à sa nature d'oiseau de nuit - pas un bruit dans la maison ce matin, nous suivons des horloges séparées.

Bernard est entré dans la dernière semaine de sa vie d'instituteur, et les projets s'alignent.

Beaucoup de pies et de corneilles ces temps derniers, les tourterelles se font discrètes : à quelles négociations territoriales ces oiseaux se livrent-ils sans que nous le sachions ?

Reçu des nouvelles d'une ruche que je parraine à l'association Un toit pour les abeilles. L'apicultrice, Sarah Holtzmann, a installé ses avettes dans la vallée du Rabodeau, dans les Vosges. Chaque ruche est baptisée d'un nom d'oiseau, mais oui, et la mienne est sous le patronage du jaseur boréal, un oiseau qu'on trouve notamment en Islande, une minuscule coïncidence qui me plaît. J'imagine le flanc de montagne, la rivière au fond de la vallée, le bois de pins, d'épicéas, de hêtres et de bouleaux, il me semble en sentir le calme et les parfums de résine. Aujourd'hui, du village monte le vrombissement agressif d'une débroussailleuse, ce doit être ce qui cause la mince douleur derrière et au-dessus de mon œil gauche, mais c'est peut-être parce que j'ai lu trop longtemps cette nuit - un roman de Saramago, L'année de la mort de Ricardo Reis. Splendide.

Tout à l'heure, je file au lycée terminer un dossier pour le projet de théâtre en Avignon et faire un sort aux 39 neufs copies de bac qui m'ont été attribuées. Cette année pas d'équipée à Dignes, je suis plus économiquement convoquée à Luynes.
Dans l'après-midi, dernier conseil de classe, puis j'accompagnerai Bernard pour son scanner annuel. Alaïs a prévu un repas avec ses amies devant un film de Kubrick, Shining, nous irons donc de notre côté nous faire une toile à Aix.