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Portes et Miroirs, tome II
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30 juin 2010

Longévité des traces

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J'aime les levers de rideau en juin, les journées de grand février, lumineuses et sèches, les orages  attendus quand la campagne pèle de chaud et s'efface dans la poussière,  les noëls au balcon, pâques aux tisons. Si je devais me fabriquer une journée idéale, j'ouvrirais les yeux un matin de juin,  poursuivrais par le cœur d'un jour fin septembre, un après-midi de février en plein soleil, un orage d'août en début de soirée, une nuit de solstice d'été, brève.

A Aix cet après-midi, bel orage tonitruant comme un 15 août,  un court moment.

Tout à l'heure dans ma voiture j'écoutais à la radio un cinéaste se demander quelle mémoire photographique les générations nées avec les appareils numériques conserveraient de leur enfance, de leur vie. Les milliers d'images  numériques prises de façon parfois compulsive, orgie d'images, sont stockées sur des supports dont la durée de vie est loin d'équivaloir une vie humaine - et surtout elles restent cachées, leur nombre les étouffe. Mais comme toujours, la nostalgie, méchante arthrite du cerveau, oblitère le fait que les preneurs de photos inventent de solides alternatives aux album de famille - rien de plus facile que de sélectionner des clichés, écrire textes et légendes, et moyennant quelques euros obtenir via internet un album relié qui résistera aux années aussi bien que la boîte à chaussure où sont enfouies les images ou  bien les albums classiques et leurs gommettes qui se décollent. Je suis toujours impressionnée par les solutions que nous trouvons pour résister à l'érosion de la mémoire et combien certains instants capturés sur pellicule argentique ou dans une immatérielle mémoire électronique sont conservés avec soin - au moins l'espace de trois générations ; et si la longévité humaine gagne, sans doute les traces de nos  vies, fines pattes de mouche, dureront un peu plus longtemps après nous, mais au fond qu'importe - j'aime bien cette phrase que je chante volontiers, at the top of my lungs in the shut safe  space of my car, avec Peter Gabriel dans son dernier album Scratch my back : après moi le déluge - after me comes the flood.

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