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Portes et Miroirs, tome II
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23 mai 2010

Voyelles

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Contre le rhume ma mère me conseille le jus de citron pur, je l'écoute. La sensation est, comment dire, iii, sans autres consonnes ni voyelles. La cuillère de miel, c'est le baume, aaa, voyelle velours. Je n'ai plus mal à la gorge.
Je continue à travailler mais je traîne un peu ; je vais souvent rendre visite aux iris d'eau qui barbotent depuis trois ans dans le baquet à poissons sur la terrasse : enfin ils ont fleuri ! Bernard me révèle qu'il s'agit là de l'emblème de la royauté appelé à tort fleur de lys. Je ne m'étais jamais posé la question mais il est vrai que la fleur de lys et sa forme de calice ne ressemble en rien aux fleurs de lys des blasons. Le modeste iris des marais et ses trois pétales solaires y ressemble bien plus. Les graines flottent au fil de l'eau et peuvent rester en dormance une année ; elles ne germent et s'épanouissent qu'à la lumière sans avoir besoin pour autant du plein soleil. Un poison irrigue les feuilles qui reste actif même lorsque la plante est desséchée, une protection contre les mâchoires insatiables des doux herbivores (se méfier des végétariens ?). Les poissons n'ont pas l'air d'en souffrir, ils naviguent entre feuilles et rhizomes, frégates espagnoles, toutes voiles gonflées.
Je parlais au téléphone, toujours sur la terrasse, lorsqu'une tourterelle s'est posée sur le rebord du baquet, au soleil, sans crainte des chats ou de ma présence - elle buvait, tranquille, puis nous a observés de son œil rond et rose avant de s'envoler dans un cliquetis de rémiges.

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