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Portes et Miroirs, tome II
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14 avril 2010

Atmosphère

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La chaudière est éteinte depuis dimanche, le poêle continue à réchauffer matinées et soirées : mes doigts s'engourdiraient de froid à l'ordinateur où je passe de longues heures à travailler à une chose ou l'autre.

Le fil des jours a repris, je mets de l'ordre dans les images et les impressions accumulées, lis les journaux avec impatience. Je remets en route ma technique favorite, lire les nouvelles avec au moins une semaine de recul et seulement les gros titres de la journée en cours : le tri entre le bon grain et l'ivraie s'en trouve facilité.

Avec Bernard, promenade au lac au crépuscule ; nous buvons un demi à la terrasse du café en devisant. Il fait frais, le soleil se couche  ; les cols-verts se lancent dans des courses effrénées, exécutent loopings et piqués : les amerrissages nous impressionnent. Est-ce pour parader devant les discrètes femelles ou pour le pur plaisir de la vitesse ? Les deux, j'imagine.
Un peu plus tard nous marchons sur le mur qui cerne le lac à la recherche des initiales gravées par Bernard il y a plus de quarante ans. Il était loin d'imaginer qu'il vivrait tout près de là avec sa famille. Ces allers-retours dans le temps me fascinent, tous ces liens tissés par le hasard, les coïncidences et qui nous donnent l'illusion d'un motif à découvrir dans le chaos d'une mosaïque en désordre.

Ce soir, par téléphone, j'aide mon père à maîtriser les arcanes du site Youtube et à s'apercevoir qu'il peut visionner des extraits de films qu'il aime bien : chacun derrière notre miroir, nous regardons un extrait de Drôle de drame, le film de Carné tourné en 1937, l'année de sa naissance et celle de ma mère : Moi, j’ai dit « bizarre, bizarre » ? Comme c’est étrange. Pourquoi aurais-je dit « bizarre, bizarre » ? Cette réplique m'a toujours enchantée, et souvent je m'amuse à me la répéter à haute voix, en boucle, juste pour le son, et aussi le non moins fameux : « Atmosphère ! Atmosphère ! Est-ce que j'ai une gueule d'atmosphère ? » d'Arletti dans Hôtel du Nord du même Carné, en 1938 cette fois. Mon père fait ça aussi, il s'empare de mots qui lui plaisent et les dit comme ça à haute voix, il les répète, cent fois sur tous les tons, comme ça pour le plaisir, il les utilise pour interpeler les bestioles de la maisonnée ou bien les gens. Il fait ça d'aussi loin que je me souvienne. Mes deux parents m'ont inoculé le virus des mots, ils ont bien fait : la source est inépuisable, ne se tarit que si l'on y puise pas !

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