Derniers éclats d'hiver

Il a gelé cette nuit. Il me suffit de lever les yeux du clavier pour contempler le Luberon nettement découpé sur un ciel de verre. Dehors les glaives des iris percent la terre et il faut tailler les rosiers. Je déambule, mains serrées autour de ma tasse de thé, il fait un froid heureux qui stimule. J'établis mille plans, me raisonne et puis je rentre écrire un moment. Au prochain nœud, je retournerai au jardin pour mieux réfléchir.

Le petit baromètre qui trône à présent dans un coin de la cuisine est un objet merveilleux. Le ciel est d'un bleu déchirant, l'air transparent, léger et voilà que l'écran à cristaux liquides affiche une brusque dépression sous la forme d'une brochette de nuages percés de pluie. La délicatesse de l'instrument, mieux que moi perçoit les subtiles balances de l'atmosphère, les brusques remous des courants océaniques : pour demain neige et pluie sont au menu... En attendant, je bavarde avec les voisins, mains dans les poches d'une solide veste de montagne, nous comparons l'avancement des plantes, entre autre. Dans l'après-midi, le vent s'est levé.