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Portes et Miroirs, tome II
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5 novembre 2009

L'île sous le volcan

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Ce matin, deux heures de cours, le ciel a des allures de bouclier d'airain, le soleil brille... mais il tombe des hallebardes. Je propose à mes élèves de terminale un travail de traduction et le temps passe agréablement : ils sentent que ce travail lent et minutieux pendant lequel je me rends disponible pour chacun me passionne, aussi la plupart planchent avec ardeur. Lorsque je quitte le lycée à onze heures, il ne pleut plus et le ciel s'éclaircit aux abords des Alpilles.
Déjeuner du jeudi avec Hubert et Christine. Comme toujours, je suis la dernière à finir mon assiette ; j'essaie vainement de prononcer trois ou quatre phrases à la fois, raconter dix histoires en une, heureusement, ils sont patients. C'est la même chose lorsque j'écris, je voudrais tout dire à la fois ; l'avantage, c'est que je peux me relire, tailler, découper, mettre un semblant d'ordre pour me faire comprendre. Plus tard, Hubert me remet un exemplaire de son thésaurus, il est superbe. Ce soir, installée près du feu, je l'ouvre au hasard et redécouvre ce que j'ai l'espoir de trouver à chaque fois que je me plonge dans un roman. C'est assez difficile à décrire, il me vient l'image de sphères indestructibles qui contiendraient des clés essentielles : certains livres apprennent à lire, à lire bien au-delà d'eux-mêmes.
Nous parlons des murs, ceux qui sont tombés, ceux qui se construisent dans un éternel besoin de se trouver des adversaires à redouter et vouloir écraser pour se sentir exister. Hubert évoque ce qu'on appelle la nuit du prêtre, cette longue période où la foi déserte ces serviteurs de Dieu et les laisse perdus sans repère, sans balise. Si nous ne sommes pas des prêtres, de façon collective nous sommes cependant dans cette période d'éclipse totale. Je le sais, il s'agit d'une question ressassée, mais dans cette nuit partagée, l'individu peut-il craquer une allumette et se réjouir de la flamme minuscule, en égoïste ?

Sur le chemin du retour j'entends à nouveau l'histoire de cette île submergée découverte dans le lac Atitlàn au Guatemala. Nous avions failli accepter un échange de maisons au bord de ce lac mais Alaïs était bébé  à l'époque et nous avions renoncé, en jeunes parents sans expérience. J'écoute le journaliste raconter la découverte de cette île scellée dans le cristal du lac, une île sous un volcan. Les plongeurs remontent des images de maisons et de temples, de rues pavées et de multiples objets, je décide qu'il s'agit là d'une sorte de symbole dans ma mythologie personnelle. Un bon signe.

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