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Portes et Miroirs, tome II
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11 août 2009

La folie Portmeirion

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J'ai marché dans la folie d'un autre, hier à Portmeirion. Sur cette péninsule au dessus de l'estuaire du Glaslyn et du Dwyryd, un architecte excentrique et millionnaire a laissé libre cours à sa fantaisie. J'ai déambulé dans ce village entre trompe-l'oeil, faux-semblants, juxtapositions audacieuses de pagodes, de campaniles, de temples romains ; les murs ont la couleur de la barbe à papa des fêtes foraines et on se perd dans un jardin qui par endroits rappelle celui de Monet à Giverny. Au détour d'un sentier je déboule sur une grève à marée basse ; j'ôte mes chaussures et longe la falaise, ses criques, ses failles, ses sources. D'ici, on devine à peine le village. Car c'est du Village qu'il s'agit, celui où l'agent n°6 incarné par l'acteur Patrick MCGoohan est prisonnier. Ce feuilleton tourné à la fin des années 60 est aussi bien une folie que le Portmeirion de sir Clough. Je me rappelle le ballon blanc qui poursuit le prisonnier qui voudrait à tout prix devenir un évadé chaque fois qu'il tente de franchir une limite, comme sur la grève où je marche. Un cauchemar. Sur le sentier du retour je contemple, fascinée et méfiante les feuilles géantes d'un gunnera. Je me demande si je suis bien où je crois. Un panneau indique le chemin du cimetière des chiens installé dans cette portion de forêt créée de toutes pièces par une femme non moins excentrique que Sir Clough. Elle vivait seule dans un manoir avec ses chiens, interdisait aux jardiniers de tailler ou couper le moindre arbuste, le plus insignifiant brin d'herbe ; elle lisait la bible aux chiens dans son salon.

Cet après-midi, je remonte la vallée de la Tanat qui se rétrécit jusqu'à devenir un goulet où s'ébroue une cascade couleur de thé. Le ciel est bleu, pas même un flocon. Les flocons sont tous dans les champs, ils bêlent et détalent à mon approche. Plus tard, je lis au soleil, une pleine théière à portée de main. Je me sens divinement paresseuse.

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