Train de nuit pour Lisbonne

Je suis totalement absorbée dans la lecture de Train de nuit pour Lisbonne. Je m'arrête quasiment à chaque page pour prendre des notes. Quand j'aurai terminé, je le relirai d'un trait. Il n'y a pas une page qui ne fasse écho à un sentiment, une émotion que j'éprouve ou une interrogation que je me fais.

p206 : Je ne voudrais pas vivre dans un monde sans cathédrales. J'ai besoin de l'éclat de leurs vitraux, de leur calme froid, de leur silence impérieux. J'ai besoin des flots de l'orgue et du saint recueillement des hommes qui prient. J'ai besoin de la sainteté des mots, du sublime de la grande poésie. J'ai besoin de tout cela. Pourtant je n'ai pas moins besoin de liberté et d'hostilité envers toute cruauté. Car l'une n'est rien sans l'autre. Et que personne ne me force à choisir.

Cet après-midi je fais des choses dérisoires comme parler avec le chat, sauver un papillon de la noyade, ou encore écouter la météo marine pour la diction inimitable de Marie-Pierre Planchon. Je me rends compte que je fais partie de la secte des auditeurs qui voue un culte à ce bulletin météo aujourd'hui disparu de France Inter ; pourtant je ne suis qu'un marin d'eau douce : si on m'a invitée à l'occasion sur un bateau c'est que je fais bien la cuisine et que j'adore faire le quart dont personne ne veut sur le coup de quatre heures du matin... je ne sais rien d'autre de la mer, tout juste le nom du vent qui l'agite.

J'écoute aussi des fragments de pièces musicales de la Grèce antique restitués par Gregorio Paniagua. Il me vient une pensée inutile mais agréable par le vertige qu'elle procure : en écoutant cette musique ressuscitée dans mon oreille par la grâce d'une succession de prouesses techniques, je suis plus proche de ces musiciens malgré le fossé du temps que je ne l'aurais été en vivant à Cabrières d'Aigues à la même époque qu'eux.