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Portes et Miroirs, tome II
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12 mai 2009

L'orage rôde

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Je m'attarde au miroir de l'eau et me demande ce que je vois.
Ce soir l'orage rôde ; je lis le livre de Juliet Schlunke, Rosenthal une enfance australienne, car vendredi nous rencontrons toutes deux les lecteurs de Cabrières d'Aigues et je tiens à savoir de quoi elle parlera.  Une formule de ma grand-mère me revient en tête , à chaque toupin sa toupine (longtemps j'ai cru que c'était du même ordre que tire-la-bobinette-et-la-chevillette-cherra, une formule mystérieuse capable de tirer d'affaire qui se trouve dans l'embarras ; je crois que cela signifie qu'il existe un couvercle pour chaque casserole).
Il me faudrait acheter une deuxième table de chevet, la pile des livres à lire augmente ; il est à noter que celle des livres à relire ne varie pas d'un pouce.
Je trouve qu'on devrait pouvoir enseigner ailleurs que dans des bâtiments scolaires. Le régime des sonneries à heures fixes, du silence et de l'immobilité obligatoires me pèse encore plus qu'aux élèves eux-mêmes : se mettre à leur place et être à la mienne, je trouve l'exercice épuisant. Aujourd'hui je leur montre le terrible générique du film Lord of War d'Andrew Niccol ; ils ne réagissent pas vraiment à l'idée que chaque balle produite dans le monde a sa cible. J'espère que c'est par pudeur.  Mais peut-être est-ce indifférence ou une capacité à s'indigner qui s'émousse. Pire, cette violence ne les effraie pas mais les distrait. La banalité de la terreur, le poncif du désastre, la platitude du pire, c'est la rançon à payer pour la surenchère d'annonces de crises et de catastrophes à toute heure du jour et de la nuit., l'avalanche d'images d'épouvante réelles ou fictives. Mes élèves restent impavides lorsque la balle dont on suit la fabrication atteint son objectif. Plus tard, je préfère penser que c'est l'idée d'un film transformé en support d'exercice scolaire qui les dégoûte, ou tout simplement ce n'était pas le jour, ou je n'ai pas su décrypter leur réaction. Je pense au personnage du conte de Grimm qui voulait apprendre à frissonner.
Dans la voiture, je n'écoute pas la radio mais Erik Satie  interprété par Alexandre Tharaud, un bel album de chez Harmonia Mundi qu'on vient de m'offrir.

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