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Portes et Miroirs, tome II
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25 février 2009

Fenêtre fermée, miroir brouillé

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Impossible de joindre mon crissement au choeur de la vaste Toile, mais ouf, c'était momentané. Etait-ce un hoquet de la technologie, une décision préfectorale, ministérielle ou présidentielle : privée de communication.

Hier j'ai relevé le nom d'un petit chemin de campagne, chemin de pie sainte Anne. Avant de voir l'image d'une Anne pieuse, j'ai vu une religieuse en habit d'oiseau, l'oeil rond et perçant, sautillante et jacassante, ça m'a fait rire.

Tard le soir nous avons revu Children of Men de Alfonso Cuaron avec Clive Owen, Michael Caine et Julianne Moore. Un excellent film mais terriblement angoissant. Comme tous les bons films ou romans d'anticipation, il ne fait pas autre chose que mettre le présent en perspective, ouvrir des pistes d'interrogations et de réflexions. Le long plan séquence de plus de 6 minutes qui décrit la rébellion à l'intérieur d'un camp de rétention pour les immigrants clandestins est hallucinant. Je ne m'en étais pas aperçu la première fois que j'ai vu le film, je m'étais simplement sentie happée. C'est tiré d'un roman de PD James que je connais seulement de réputation pour produire du polar best-seller à la moulinette comme le charcutier remplit de chair à saucisse des kilomètres de boyaux... Je suis la première surprise (je suis snob, je sais) mais c'est une bonne surprise. Ce soir comme par hasard, je lis sur l'édition en ligne de Libé un intéressant article au sujet d'un livre rédigé par un collectif de journalistes, de membres d'associations concernées par le sort des clandestins et des universitaires sur la politique d'immigration de notre gouvernement. Hélas, Alfonso Cuaron, tout à coup, je me demande si votre fiction n'est pas un documentaire... Le livre en question s'appelle Cette France-là et sortira le 6 mars. Il a été distribué gratuitement aux parlementaires.

 

Je parle avec A*, je me sens au pied d'un mur, je cherche la fenêtre, le soupirail.

J'utilise mes notes d'hier, et non, Hélène, je ne cherche pas de meurtrière.

Je découvre José Saramago avec curiosité, j'ai commencé L'aveuglement, une sorte de conte philosophique.

 

Je vais aller prendre l'air au lac, il fait doux, le ciel bien haut m'invite à respirer profondément.

Encore un exemple où fiction et réalité se font des grimaces dans un miroir. Avec mes godillots de randonnée et mes bâtons de marche nordique je me frayais un passage dans des sentiers chamboulés par le mistral, la neige de cet hiver, les pluies... Je longeais la falaise au-dessus de mon petit lac favori, les yeux au sol, attentive à ne pas me tordre les chevilles, quand j'aperçois une arme, bien plus dans les cordes de PD James, j'imagine, que dans les miennes. En matière d'armes, je suis plus familière du beurre cuit, de l'abus de crème fraîche, des plantes des bois, voire du couteau de cuisine, mais les armes à feu... j'avoue ma totale incompétence. La première seconde, c'est une telle surprise que j'ai du mal à identifier ce que je vois, comme si j'étais soudain frappée d'agnosie (oui, c'est entendu, je viens de lire  ce terme chez Sepulveda et ça tombe bien). A la seconde suivante je me persuade qu'il ne peut s'agir que d'un de ces pistolets à billes, qui blessent  mais ne tuent pas (je crois) ; à la troisième seconde, je passe en revue tous les polars que j'ai vus et lus (pas PD James mais Mankell, Indridason, JL Burke, Hillerman...et aussi Agatha Christie) ; je m'approche en veillant à ne pas déranger de traces éventuelles (je vois déjà la scène ceinte de rubalise) et je considère l'objet avec suspicion, je le flaire presque. A quoi, sans le toucher, faire la différence entre arme véritable et jouet ? C'est que le lieu se prête au drame, l'isolement, la falaise, les bois, mon imagination s'emballerait volontiers... Je prends deux photos, à grand peine, la batterie de ce fichu appareil choisit cet instant précis pour entrer en coma dépassé. Mais je ruse et parviens à faire ma photo. Enfin, je me dis que le poids de l'objet me renseignera : je n'ai pas de mouchoir pour éviter de mélanger mes empreintes à celles d'un meurtrier potentiel, alors je me sers d'un bout de bois. La légèreté de l'engin me rassure, je n'appellerai pas les pandores ce soir. Pendant que je cherchais à démêler la fiction de la réalité, j'imaginais toutes sortes de scénarios. Mais à un détail que j'ignore, mon cerveau a dû percevoir qu'il s'agissait d'un simulacre d'arme dès le premier instant, car je n'ai pas éprouvé de crainte, or j'ai un sens de l'auto-préservation très développé ! J'étais juste très intéressée par les possibilités ouvertes en grand par cette image. Je me suis également demandée pour quelle raison on peut avoir envie d'acheter un tel objet et qui peut l'acheter.

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