Europe

Premier jour de la visite de Petra Illikova, une jeune collègue venue travailler à Aix une semaine dans le cadre de l'un des nombreux programmes institués par l'Europe. Ne pas avoir peur de la paperasse, non. Chaque fois que je me lance dans la rédaction de ces dossiers - Coménius, Leonardo, Grudtvig - je plonge dans l'univers du Brazil de Terry Gilliam... Certains parviennent à une certaine maestria, moi je balbutie... Mais ne crachons pas dans la soupe, nous parvenons à financer des visites autrement impossibles et à tisser des liens entre nos élèves et nos collègues. Ce n'est pas si facile de franchir les barrières, observer des habitudes qui ne sont pas les nôtres, accepter les maladresses de langage sans se formaliser. Tous ces projets sont émaillés d'incidents agaçants ou drôles, et ce qu'il faut garder à l'esprit, c'est qu'au terme de chaque projet, des amitiés durables naissent, l'envie de se revoir, de prolonger les conversations.

Donc aujourd'hui, en remplissant la trentaine de pages de l'un de ces fameux dossiers en compagnie de Petra, tchèque et de Dinah, anglaise et française d'adoption depuis plus de vingt ans, je commence un nouveau voyage.

J'aime les frontières, j'aime les franchir, j'aime les différences, les adopter.

Dans la voiture, pour la première fois depuis longtemps, j'éteins la radio ; de France Inter à France Culture, on ne parle que des guerres dans lesquelles mon pays est engagé pour des raisons pas toujours limpides. Le même sentiment m'écrase, je crois, que celui que pas mal d'Américains éprouvaient lorsque les Bush étaient au pouvoir chez eux. Hélas, ma soeur Anne, du haut de ma tour je ne vois que le soleil qui flamboie, l'herbe qui verdoie, pas le plus petit panache de poussière annonçant un genre d'Obama qui nous rendrait un peu de crédibilité et de dignité aux yeux des autres pays.