Discalculie policière

En Avignon depuis deux jours, je travaille à un projet de théâtre pour mes élèves. Aujourd'hui,  parce que je ne souscris pas aux arguments assénés avec un mépris certain par les tenants de l'économie libérale pour détruire toutes les avancées sociales, je m'éclipse deux heures et descends dans la rue - à Corneille je fais un emprunt :

Nous partîmes cinq cents; mais par un prompt renfort
Nous nous vîmes trois mille en arrivant au port,
Tant, à nous voir marcher avec un tel visage,
Les plus épouvantés reprenaient de courage !

... Je dirais pourtant que trois mille, c'est le décompte de la police, d'après les syndicats (et ce que mes yeux voient ), c'est plutôt vingt mille, de la gare jusqu'à la Place de l'Horloge, sur toute la largeur de l'avenue, nous défilons. Cet article  paru dans le Monde rédigé par le philosophe Henri Pena Ruiz me conforte dans mes convictions.

L'après-midi, je retourne au cloître St Louis pour ce projet, au fond pas si éloigné du mouvement qui a poussé les gens dans la rue ; il s'agit de semer des graines : accompagner des lycéens vers des formes de spectacles qui leur sont étrangères et surtout leur donner l'envie de revenir au théâtre par eux-mêmes. Du 9 au 12 juillet, nous cheminerons à leurs côtés entre spectacles, rencontres, ateliers, expositions et débats.
Ces gens sont formidables. Je repars, des idées et des images plein ma besace.

Tiens, mais c'est l'été...