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Portes et Miroirs, tome II
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7 novembre 2009

Climats

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A la fenêtre, Alaïs espère la neige tant le ciel morne lui pèse sur le crâne... mais il fait doux, seule la pluie insiste aux carreaux. J'allume le feu, la lampe sur le bureau, lis mon courrier, répond, passe ma révision de Margaret Ogilvy au peigne fin. Je me pose une question quant à l'utilisation du vouvoiement selon les milieux dans la littérature de la deuxième moitié du 19° siècle : j'aime bien la solution choisie par la traductrice, les parents tutoient les enfants, les enfants vouvoient les parents ; mais je me méfie, même de ce qui me plaît. Elle se fonde sur les traductions des œuvres anglaises de la même époque, soit ;  comme il s'agit à présent d'écrire en français, je préfère m'abreuver directement à la source ; je relis quelques passages chez Georges Sand, Maupassant, Flaubert et Stendhal : la première scène entre Julien Sorel et son père me donne une clé.

Je ne peux m'empêcher de passer plus de temps qu'il ne faudrait dans mes antiques livres de papier. Je relis une préface qu'André Maurois avait écrite pour Emma Bovary ; et puis de Maurois je retrouve Climats, un roman que j'avais lu plusieurs fois avec avidité lorsque j'avais quinze ans (il faisait partie d'une merveilleuse liste de livres proposée par un professeur de français qui terrorisait presque tout le monde). Pourtant, je ne serais pas capable d'en citer une phrase.
Que reste-t-il des romans dont on a oublié les mots précis ? Le souvenir d'une cadence particulière ? D'images et d'atmosphères ? Des préférences littéraires ou amoureuses guidés par ces influences souterraines ? Un intérêt saugrenu  pour, disons, les métaphores météorologiques ? Vrai, je suis incapable de citer vers, tirades ou paragraphes, mais tous forment une couche fertile de sédiments où se déploie qui je suis et ce que j'écris aussi.

Courriel de Vineta Berga, la traductrice lettone qui lira des extraits des Fantômes de Sénomagus à la fête du livre de Riga le 12 décembre. Cette soirée du samedi est consacrée à quatre auteurs européens : un certain Lewan Beridze, géorgien de son état, auteur et acteur ; Alexander Peer, écrivain et journaliste autrichien ; Jaak Joeruut, ancien ministre de la défense en Estonie, à présent ambassadeur d'Estonie en Lettonie et visiblement auteur ; la quatrième, c'est ma pomme, bien curieuse de rencontrer ces personnes. Vineta m'a demandé ce que je préférais visiter le vendredi et le samedi, avant la lecture. Choisir. Je voudrais voir la Baltique avec ses faux airs de lac tranquille, Riga enclose dans la parenthèse de sa baie, les chapelets de dunes intacts grâce aux installations militaires secrètes de l'ex-union soviétique - tout est démantelé. Je veux voir les maisons de bois, les bâtiments Art Déco rénovés ; écouter les gens parler  pour le plaisir, d'une musique différente, voire les enregistrer (je ne l'avais pas fait en Islande et je le regrette) ; je voudrais rencontrer quelques auteurs de là-bas pour voir ce qui les occupe... Choisir... Bref, c'est un beau cadeau avant même Noël et je me réjouis comme une gamine.

Ce soir le ciel s'est ouvert : il pleuvait à verse, mais l'horizon flambait.

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