Nouer d'immatérielles conversations
Soliloquer dans ce journal qui s'évanouirait totalement au premier incident électrique un peu sérieux permet de nouer d'immatérielles conversations. Immatériel, j'aime ce mot. Ces pages ont leur place dans les interstices du monde matériel, dans son filigrane ; elles comblent les vides et les manques, et disparaissent remplacées par d'autres aussi intangibles que les rêves ou les cauchemars de la nuit.
Aujourd'hui j'ai remonté et descendu des fleuves à l'abri dans un bathyscaphe. Je n'avais pas envie d'écouter la radio ni même de la musique, je faisais la conversation avec mes fantômes.
Toute cette eau, elle glisse sur le verre, le métal, le bitume, dégoutte des tuiles et des feuilles, détrempe la terre et la gorge si bien que de modestes flaques se métamorphosent en d'insondables étangs - qui sait quels monstrueux silures y naîtront, génération spontanée. En arrivant au lycée en fin de matinée, je laisse mon engin amphibie auprès d'une de ces futures mers intérieures, c'est idiot, je frissonne. J'aime l'eau et la redoute à la fois. Je vais poursuivre ma lecture d'Exit Ghost. J'ai l'impression en lisant qu'on chuchote à mon oreille.