Vert obscur

Jude the Obscure, la première fois que je l'ai lu, c'était un dimanche de pluie, dans mon lit. J'y ai passé la journée, lu le roman d'un bout à l'autre avec fièvre.
Chacune des relectures de Jude me laisse comme une cicatrice, j'aime ne pas échapper indemne de mes lectures. Ce matin, je le ressors de ma bibliothèque, passe en revue les autres titres de Thomas Hardy. Ce qui me frappe, c'est la sensation qui accompagne le geste de sortir les livres un à un et de les feuilleter : il me semble respirer un parfum, celui de l'humus trempé, du charbon mouillé ; j'ai dû lire la plupart des bouquins de Hardy lorsque je vivais au 10 Glamis Road à Wick en Ecosse.
Ce matin, le temps qu'il fait n'est pas si éloigné, ce qui donne de l'ampleur au souvenir. Je ne déjeune pas sur la terrasse et je ne passe qu'un bref instant en compagnie des poissons rouges. Un vent de pluie souffle.

B* me demande si je veux bien l'accompagner faire son examen devenu annuel, je n'avais pas imaginé un instant le laisser aller seul. En attendant le résultat du scanner, nous déambulerons dans Aix, tant mieux si la température de four qui régnait la semaine dernière a chuté de plusieurs degrés. A Brantes, derrière la barre du Luberon, il a fait 7° la nuit dernière...
Je me dis que si l'espèce humaine voulait réellement éviter par ses activités d'avoir un impact sur le changement des climats, cela nous conduirait à vivre dans une monade urbaine (vivre à la campagne, habitats dispersés et véhicules pour se déplacer, c'est sûrement une hérésie écologique), on limiterait les naissances ; il faudrait commencer pas distiller un puissant sentiment d'insécurité pour que les gens se replient davantage sur eux-mêmes afin de mieux les manipuler : on aurait le choix, virus variés, terroristes insaisissables, crises en tout genre... Si les romans de science-fiction des années 70 n'avaient pas exploré le terrain (Brunner, Silverberg, Ballard et d'autres), il y aurait de quoi se régaler. Tout à coup, le vert me semble obscur.

Après-midi à Aix, B* a passé ses examens, tout va bien.

Conversation au téléphone avec Frédérique Deghelt ; elle fera une lecture à la librairie Goulard à Aix demain à 16 heures. J'aurais voulu y assister mais j'ai déjà pris des billets pour toute une série de lectures par des comédiens sous la houlette de Didier Sandre. Ce soir, Carlos Fuentes et Aragon ; demain à la Bastidonne à 16h30, un extrait du Rivage des Syrtes de Graq et cette lecture me tient très à coeur. Le soir, à la Tour d'Aigues, Didier Sandre lira Sur la lecture de Proust.