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Portes et Miroirs, tome II
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11 avril 2009

Ephéméride

P1040206














Le ciel commence à se conformer aux prévisions météorologiques, mais pas tout à fait encore ; il ne pleut pas, il y a seulement des vapeurs grises qui roulent indécises. Il fait doux. En revenant du lycée où j'ai accompagné A*, je remarque un curieux objet, assez volumineux sur le bord de la route, je crois reconnaître une tortue de belles dimensions qui hésite à traverser. Je m'arrête aussitôt et je suis impressionnée par la taille et les couleurs de la bête. J'hésite à voir en elle la tortue de Floride qu'on vendait comme des petits pains il y a quelques années et dont la taille n'excédait pas la pièce de cinq francs ou presque. Comme la route n'est pas loin du lac de la Bonde et qu'un ruisseau coule tout près, je décide qu'après tout c'est bien d'une tortue de Floride qu'il s'agit, carapace plate moirée de vert et jaune, tête serpentine, point orange vif sur la tempe : c'est une représentante de l'espèce envahissante qui a su s'adapter aux eaux polluées de nos rivières au détriment des autres habitants. Je ne peux pas m'empêcher de l'admirer, elle est superbe, les dessins symétriques de sa carapace brillante me fascinent ; je me rends compte qu'il y avait longtemps que je n'avais pas vu de tortue et que c'est la toute première fois que j'en rencontre une rendue à l'état sauvage. Je la prends dans mes mains, elle lourde, le poids d'un bon caillou ; avant de se rétracter dans sa carapace, elle souffle comme un chat et me jette un coup d'oeil furibard. Je l'emporte et me demande si c'est une bonne idée de la laisser si près du lac de la Bonde, des canes qui pondent et des alevins  tout juste nés.
Aujourd'hui, beaucoup d'anniversaires à fêter, de 7 à 84 ans, toute une palette d'âges portés par des hommes et des femmes superbes ; avril, un bon mois pour venir au monde, sûrement.
B* ne viendra pas avec moi fêter son frère et notre nièce nés le même jour, il est au fond du lit avec une forte fièvre, la tête comme une enclume. A* lui a sans doute aimablement transmis ses virus et microbes, s'en débarrassant : elle est en pleine forme, mais pas son père qui ne bouge pas du lit, ce que je lui ai rarement vu faire,  est au trente-sixième dessous. Et c'est le weekend de Pâques, ne pas compter sur les médecins de garde là où nous habitons, ils ne se déplacent pas, ils ont un trop grand territoire à prendre en charge. J'utilise toutes les armes à ma disposition pour organiser la résistance.

P1040199

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