Inovations de la médecine douce

Dernières avancées scientifiques en matière de soin du burnout  : je me suis portée volontaire.

Tout d'abord, regarder les étourneaux par la fenêtre de sous ma couette, au soleil ; trois chats sur mes pieds, voire une bouillotte contre le flanc, droit ou gauche (en alternance) ; a nice cup of tea ; du chocolat (si, si !) ; un bon bouquin japonais intitulé Le chat qui venait du ciel et un autre qui s'appelle Propos sur la racine des légumes. Confucius (qui d'autre ?) disait : Tout réussit à qui sait mâcher la racine des légumes.

Si on parvient à manger des carottes et des rutabagas tout ira bien, mais je pressens une vérité plus profonde dans ce mot.

En quelques jours, l'envie maniaque de passer la maison à la javel et à la brosse à dents  tend à disparaître, ainsi que de la préparation de tonnes de projets (et l'infernale paperasse attenante) pour mes zélèves qui de toute façon ne leur serviront à rien ou si peu.

Disparaît aussi petit à petit l'envie de tout régenter, de tout contrôler et de céder à l'agressivité quand le scénario préparé à l'avance ne se déroule pas comme prévu.

Il me viendrait presque l'envie de me mettre au tai-chi pour continuer à maintenir l'ennemi intérieur à distance.

Je crois qu'il me faudra bien déléguer certains projets, même s'ils me tiennent à coeur, comme le potager. 

Renoncer à être cloné, ne pas courir le long du corridor avec tout le monde, stop the rat race.

Ralentir, ralentir. Il n'y a pas le feu au lac.

Bientôt je pourrai même remplir les pages blanches de mes Croquefruits - je crois que ce qui m'a achevée cette année, c'était de prendre conscience que je ne peux plus travailler et écrire en même temps. Trop de travail au lycée, trop de tracasseries inutiles. Je pourrais travailler et m'inscrire à un club de gym ou d'un autre sport, ça oui, mais ça ne m'intéresse plus. Mais j'ai besoin (est-ce vraiment l'âge ?) de plus de temps de cerveau disponible... Je n'ai pas la chance de disposer d'un cerveau triple comme Hubert Nyssen ou Pierre Chavagné !

Je ne veux pas me laisser dévorer toute crue par un prétendu sens du devoir. Mais je ne veux pas renoncer au privilège de payer mes factures et une éducation à ma fille sans me poser de questions.

En plus, je tiens à payer mes impôts : à l'hôpital je n'ai rencontré que des gens formidables et compétents, j'ai été prise en charge de A à Z et on ne m'a pas demandé un sou de plus que ma contribution annuelle sous la forme de mes impôts. Je n'ai pas déboursé un centime de plus, ni aucun des autres patients avec moi. Et on voudrait détruire ce système ?