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Portes et Miroirs, tome II
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12 juin 2012

Je n'arrête pas de massicoter

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Je n'ai pas endossé le rôle du poinçonneur des Lilas mais presque. Moi, je joue de la massicoteuse. Eh oui. Je massicote du soir au matin, je décapite sans faiblir les en-têtes des copies d'examen pour les rendre anonymes. Chaque année je me porte volontaire pour ce travail - et quelques autres menues tâches comme guider les candidats et candidates dans le dédale des couloirs, les renseigner, calmer les stressés, distribuer les sujets aux surveillants, faire le café... Bref j'occupe le poste assez peu convoité de secrétaire d'examens : tout plutôt que rester enfermée des heures dans une salle à étouffer de ne pouvoir rien faire d'autre que surveiller les élèves qui planchent. Première arrivée, dernière partie pendant toute la durée des différentes épreuves mais du moins je règne en maîtresse sur ce fascinant outil qu'est la massicoteuse. Le geste répétif induit une sorte de transe. Isolée dans une petite salle qui donne sur un beau platane, la lumière est verte, les cartons de sujets scellés m'entourent, et dans ce fortin, incorruptible, bénévole, j'opère. Pourtant...

Le massicoteur

Il entrait en fonction chaque année aux premiers beaux jours, à la mi-juin. Les saints de glace remisés, il endossait ce rôle et devenait un autre jusqu'à la fin du mois. Il emboîtait le pas de la cohorte des invisibles, des silencieux, des efficaces aux mains pleines, reclus dans un fortin où sur un simple bureau d'élève trônait l'outil de sa charge. L'engin inquiétait. D'abord, il était si pesant que c'était le factotum du lycée - un colosse aimable - qui le transportait dans la salle isolée où les cartons de sujets dûment scellés attendaient le grand jour. Et puis cette lame affutée - on y laisserait les doigts par distraction. Cependant, pas d'inquiétude, Antonin Caudalie n'avait rien d'un homme distrait. Il pouvait même passer pour méthodique... (à suivre ?)

Voilà à quoi me conduisent les stations prolongées devant la massicoteuse !

Je reçois deux messages au sujet du Corail qui me font un immense plaisir - deux choses importent à un auteur : qu'on ait envie de relire ses ouvrages et qu'on ait envie de lire ceux qui ont précédé, en attendant ceux qui suivront...

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