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Portes et Miroirs, tome II
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2 novembre 2011

Noir sur blanc

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Jouer les funambules entre les lignes, faire la sieste dans les filigranes, festoyer sur les non-dits - et tous les jours écrire noir sur blanc. Le quotidien de l'écrivain ?

Sur le Telerama de cette semaine un dossier sur les libraires qui tirent la langue. Demain, j'enfile ma virtuelle blouse de prof et vais gagner ma croûte,  je ne peux pas vivre de l'écriture. Un édifiant petit schéma dans le dossier sus-dit montre - noir sur blanc - la place de l'écrivain, tout en bas de l'échelle alimentaire. Pourtant, je me pose la question, que mettrait-on dans les livres si les écrivains ne traduisaient pas le flux  et le reflux de leurs pensées en phrases intelligibles ? Des coloriages, des mots fléchés, des pages blanches à remplir ?

Cet aprés-midi, dans le grenier d'Hubert. nous écoutons la pluie tomber en cataractes. Pendant que je lui raconte aventures et mésaventures de mon voyage scolaire à Londres et de ma retraite d'écriture à Saorge, un lac se forme au pied du platane. Je parle pendant qu'Hubert lutte pour trouver son souffle et quand il y parvient, la conversation à laquelle il prend toute sa part lui redonne des couleurs.  Sur son bureau, je m'empare du dernier livre de Nancy Huston qu'elle a fait en collaboration avec un peintre -  une page consacrée à un dessin, une page à un texte, la vie de tous les jours. Ce que je fais ici, mais j'utilise mes propres prises de vue. En partant je promets de lui ramener une nouvelle incomparable de Graham Greene, The Fallen Idol, parue en français sous le titre Première désillusion. A ce moment, je ne sais pas qu'il s'agissait de notre dernière conversation ; je le note parce qu'un jour ma mémoire se délitera et par les trous les souvenirs fuiront.

Avec C. nous parlons du poème que j'ai traduit pour Barry Wallenstein et du mot fredons que j'avais retenu pour traduire hums. Nous explorons les possibilités autour de ce mot, mais revenons à fredons, rare mais juste à sa place au fond.

Bernard de son côté discute avec l'éditrice de chez Fayard qui a l'air d'aimer Mistral noir mais se trouve bien embarrassée par ce qui fait figure d'objet inclassable. Elle le cuisine ; il lui envoie d'autres textes pour la guider dans son univers. Dimanche, j'apporterai une bourrasque de ce mistral à mes parents, avides lecteurs devant l'éternel.

J'essaie de me réconcilier avec le fait que demain il faudra que j'abandonne le fil de mon travail d'écriture. Je sais déjà qu'au bout d'une minute je reprendrai les cours comme si de rien n'était, les projets là où je les avais laissés, et que le soir je serai trop lessivée pour perdre une once d'énergie supplémentaire à me plaindre plutôt qu'écrire ou réfléchir.

A écouter sans modération : Pandemonium, de Barry Wallenstein.

 

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