Dimanche de pluie

Il pleut, depuis hier. Je fais le ménage dans tous les lieux accessibles de notre maison,  de mon ordinateur, de ma tête aussi : poussière, toiles d'araignée, vieux débris - du balai. Chantal monte un instant, café et causette du matin. Alaïs roupille et Bernard scrabble à Forcalquier. Je ponds une petite nouvelle pour une revue - pas du tout le sujet imaginé au départ, ni l'intrigue, ni la forme, et pas une seule description. Le thème c'était virus, à décliner en 2011 signes... Ecrire l'histoire en un mois et trente minutes, raboter pendant deux heures, raboter finement, parvenir à 2011 signes, pas plus, pas moins. Amusant. Comme un voyage en ballon - se débarrasser des sacs de sable pour s'élever. Je dis que j'ai écrit cette nouvelle en un mois et trente minutes parce que j'ai réfléchi un mois (un petit programme qui tournait en permanence hors de ma conscience) avant de prendre un stylo et d'écrire un premier texte, m'interrompre pour ranger deux babioles, tomber sur un cours de littérature vieux de 30 ans, exactement - The Return of the Native de Thomas Hardy, et un commentaire que j'en avais fait... Retour à mon bureau, j'écris mon texte définitif : complètement différent du petit brouillon d'il y a un quart d'heure... Bizarre, le cheminement des idées, entre hasard et mûrissement de graines semées on ne sait plus quand.

Il y a du pain au four, une tarte au thon, une soupe de légumes ; Alaïs me masse la nuque : les petits bonheurs de ce dimanche ne sont pas absents. Il me faut seulement un peu de temps et la bonne distance pour m'en apercevoir.

En consultant les statistiques du blog, je m'offre un voyage virtuel grâce à un fanion  jamais vu auparavant, celui du Kazakhstan : ce lecteur est venu là par hasard (il cherchait quelque chose sur la neige à Riga) ; j'espère qu'il reviendra - ce lien ténu avec le Kazakhstan me plaît. Un voyage en vrai, là-bas, un projet à construire.

Je regarde les cartes et les nouvelles du Japon à intervalles réguliers ; dans le Corail de Darwin, j'imagine qu'une telle secousse se produit le long de la dorsale Nord Atlantique, entre Islande et Açores - j'avais lu que la Mediterranée s'est formée à la suite d'un semblable soubresaut, une partie de l'Atlantique s'engouffrant dans une dépression, comme de l'eau passant d'une vulgaire cuvette à une autre... Etrange affaire que d'être un humain sur une planète instable. Quelle douleur, quelle frayeur. Heureusement, nous déformons nos souvenirs, nous oublions, nous manquons - à point nommé ou non - d'intelligence et d'empathie.