Le jour des Innocents

Beau ciel gris, édredon confortable qui donne envie de rester devant le poêle avec un bon bouquin... Pourtant si le soleil se lève, j'aimerais aller fêter ma 48ème année sur Terre au sommet du Luberon en ce jour des Innocents me dit l'éphéméride.
En attendant, je m'attèle au clavier de mon ordinateur, la tâche habituelle : la terminer avant minuit ce serait le cadeau fait à moi-même, plusieurs jours de totale insouciance (la liberté peut-être ?).

Les petits chats sauvages ont compris que derrière la vitre ils ne risquaient rien. Les trois sont assis en rang d'oignon comme au spectacle et nous regardent vaquer à nos occupations. Les deux petits font mine de bondir sur le balai qui passent sous leur nez ; ils ont les vibrisses arquées, les oreilles dressées et la patte agile des chats bien nourris qui dorment dehors. L'autre jour ils m'ont fait le cadeau d'une queue de rat et d'un lambeau de fourrure de lapereau, là sur le seuil de la porte.

Décidément, il ne faut pas lire les journaux  en ligne (faut-il nommer Libération et Le Monde ?) - et les articles trop souvent mal torchés, paresseux, racoleurs et les commentaires poisseux des lecteurs donnent une image désespérante de nos vies.  Allez, du balai.

Bernard et Alaïs m'ont offert Quartier lointain, le manga de Jiro Taniguchi. Bernard tenait à me le faire découvrir puisque nous n'avions pas pu voir le film que Sam Garbarski en avait tiré : le malheureux n'a pas pu protester lorsque je n'ai éteint ma lampe de chevet qu'aux petites heures pour aller au bout de cette histoire douce-amère. Je ne suis pas vraiment séduite par les codes graphiques du manga en général mais dans celui-ci quelques vignettes délicates m'émerveillent et je me laisse emporter par l'histoire de cet homme de 48 ans qui se retrouve dans la peau du garçon de 14 ans qu'il a été et revit son passé avec la possibilité de changer certaines choses, d'en comprendre d'autres. Qui ne voudrait pas de cette chance de revenir en arrière pour modifier certains choix en toute connaissance de cause ? Moi. Je détesterais revenir à cette période, même avec la possibilité de la vivre autrement. Mes 48 ans, j'y suis, j'y reste avec mes armes et mes bagages, je les apprécie d'autant plus.

Avec les amandes du jardin et le miel reçu de la ruche que je parraine j'ai confectionné dans la plus pure tradition provençale des barres de nougat noir , de celui qui ébrèche le sourire des gourmands imprudents...