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Portes et Miroirs, tome II
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9 novembre 2010

Zone inconnue

P1090801

Promenade solitaire en territoire inconnu, l'ancienne plaine maraîchère de Pertuis, dans le grand lit de la Durance. Je passe une première frontière marquée par la disparition progressive du bruit - chantiers, camions, voitures. J'ai une heure à tuer.
Je viens de laisser ma voiture chez le garagiste, dans la zone d'activité. La zone, hangars bleus ou gris, tôle ondulée, entrepôts, casse, ferraille, un champ en friche, plus de hangars, une rangée d'immeubles faussement chics, les bureaux s'installent, les restaurants ouverts à l'heure du déjeuner seulement, des salles de musculation, une boîte qui n'ouvre que la nuit, une maison funéraire, une voie communale qui longe une roubine. Le macadam s'arrête là, mais ce n'est pas la frontière. Dans mon sac, j'ai un bouquin - Remarkable Creatures de Tracy Chevalier - un lot de copies faciles à corriger, mon MP3, mon appareil photo. Je peux aller boire un café ou déambuler. Je choisis de déambuler. Je suis la roubine et c'est là que je découvre soudain la démarcation entre rumeur et un certain silence. Les bruits mécaniques ont cessé, on entend des chiens, des corneilles, l'eau courante où flottent de petites bouteilles de bière vides mais, c'est curieux, rebouchées avec soin : elles flottent dans les roseaux. Je ne suis plus chez moi, le territoire m'est inconnu, j'avoue que je ne suis pas à l'aise. Je croise une voiture, un piéton, un cycliste et moi, je ne me sens pas à l'aise, coupable de marcher sans but. Je me dis qu'un chien ce serait bien, un prétexte tout trouvé. Je croise un champ semé de galets. Sillons, rangées de galets. Un mur en culture. Une herse de peupliers blancs le sépare d'un pâturage où paissent des chevaux. J'arrive à la digue, mais la Durance est encore loin. Des cabanons sont habités, de chaque côté. Je croise des poulets hauts sur pattes , ils décampent à mon approche. Je me sens mal à l'aise et curieuse alors je poursuis mon chemin, la lumière est belle après la pluie d'hier. Au fond je ne fais que regarder. Je passe. Je prends des photos. Je me fais discrète, je ne suis pas chez moi. Je cherche la frontière pour la repasser à un autre endroit, c'est facile. Dans cette plaine on ne se perd pas, le Luberon, la Sainte Victoire restent à portée de vue, et la digue, je sais bien où elle mène. Retour au garage,  en terrain connu, une heure au soleil a passé, ma voiture de nouveau en état de marche.

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