Giboulées

Pour la première fois de l'année, tasse de thé au soleil sur la terrasse. Les chats m'accompagnent, bon signe,  les poissons dans leur baquet en bois débordent de tant d'énergie que je romps leur jeûne hivernal.
Alaïs, transie d'émotion a passé un entretien d'inscription à l'école d'arts graphiques qui lui plaisait, après mûre réflexion. Son book fait impression mais pas seulement. L'idée de l'école Estienne n'est pas abandonnée, seulement remise à plus tard.
Reçu un exemplaire de Loup borgne de Juris Kronbergs, rencontré à Riga et dont le recueil de poèmes vient d'être publié en France chez Buchet-Chastel. Le paquet porte des timbres suédois, ce qui me désoriente. En couverture, quelques lignes :

Après avoir voyagé un peu dans le temps et l'espace / il s'arrête devant un étang  / Quand il voit son reflet il se souvient de lui-même / Et comprend qu'il est en train de s'effacer de sa mémoire.

Est-ce l'une des raisons qui poussent à écrire, ne pas s'effacer trop vite de sa propre mémoire ? Interrompue dans mon envolée lyrique, j'oublie ce que je voulais dire ; je l'écrirai plus tard.

13h33, col de Venelles - la pluie tombe drue, se change en sel puis encore en eau. 17h, Aix puis Cabrières plus tard, soleil éclatant, l'air est calme comme s'il ne s'était jamais rien passé. Les giboulées de mars, un peu en avance pour nous consoler de l'interminable hiver.

Alaïs et Marion cherchent un chantier bénévole en Islande pour cet été ; elles ont dégoté dans les environs de Reykjavik quelque chose qui implique transport de cailloux et runes...   De mon côté j'épluche le site pour voir à qui elles ont à faire. J'ai envie de partir aussi, mais plus au nord ou alors sur les Iles Vestman où des volontaires se relaient pour enduire d'huile les pentes d'un volcan  ; je ne vois pas l'utilité de la chose, mais j'aime l'idée d'oindre l'animal d'onguents pour lui garder sa bonne humeur. Bernard commence à froncer le sourcil, je crois qu'il n'a pas envie de tremper les mains dans l'huile, parfumée ou non, ni de transporter le moindre caillou.