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Portes et Miroirs, tome II
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15 février 2010

Voyage intérieur

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Après-midi en compagnie de personnages fictifs. A Rome où il fait chaud, trop même.
Alaïs revenue de son atelier d'art  préfère réserver son jugement sur cette nouvelle école. Demain soir j'assisterai avec elle à une conférence sur les métiers d'art.

La jeune femme qui m'amène un panier de légumes et des œufs chaque semaine m'annonce que cette fois et les suivantes il n'y aura pas grand chose à cause du froid et du gel. En hiver, ma grand-mère paternelle qui avait de belles poules grises et d'autres rousses, leur donnait une pâtée chaude pour qu'elles continuent à pondre.  Un jour, le setter de ma mère les a toutes tuées, un carnage propre et net. Ma grand-mère n'a rien dit, s'est contentée d'aligner le tableau de chasse sur la terrasse pour montrer à ma mère. Son chien adoré. Elles n'ont pipé mot ni l'une ni l'autre, le chien est resté à l'attache toute la journée et comme il hurlait à la mort et qu'il ne restait plus de poules à tuer, on l'a relâché. Ma grand-mère n'a pas desserré les dents. Elle a plumé les poules, douze, je me souviens du nombre, cuisiné la viande : au pot, en parmentier, en terrine, en bouillon, en pâté. Je ne parviens pas à revoir ma mère les mains dans les plumes, mais je suis sûre qu'elle n'a pas dû échapper à sa Nemesis - ma grand-mère était capable de silences vengeurs terrifiants - ma mémoire trie les images.

Dans mon jardin, j'aimerais bien avoir une basse-cour, oh miniature, deux ou trois poules et surtout une oie. L'été elles picoreraient les limaçons qui se suspendent en grappes caillouteuses à la moindre tige, recouvrent les troncs et s'écrasent dans les sandales. Plus la terre est desséchée, plus la marée de coquilles blanches monte : il n'y a que les poules pour en venir à bout... Je sais qu'en Provence on préparait (prépare ?) ces limaçons blancs avec du fenouil  - à la suçarelle - ou en sauce piquante, à la diable ; au Portugal j'ai vu les femmes et les enfants en ramasser à pleins seaux et les servir ainsi à l'apéritif, mais je n'ai jamais aimé la sensation de ces petits cailloux nappés de sauce grasse dans ma bouche. Je pense aux yeux de brebis qu'Hubert a avalé tout rond pour faire honneur à ses hôtes lorsqu'il explorait l'Algérie dans les années 70. C'est dit, je ne serai pas exploratrice. Et puis adieu oies et poules, si les limaçons reviennent, ce sera signe d'un bel été. Je regarde la photo des oies endormies dans le cloître de la cathédrale de Barcelone. A Pâques, je vérifierai si elles sont toujours là et je demanderai pourquoi elles sont là. Montent-elles la garde comme dans les distilleries de whisky en Ecosse ? Sont-elles là en souvenir des oies sacrées du Capitole ? Pas catholique, ça, mais drôle.

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