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Portes et Miroirs, tome II
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9 janvier 2010

Gulf Stream

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Il a commencé à neiger dans la nuit. Dans le village les fils électriques sont enterrés depuis deux ans  ce qui nous évite de nous retrouver en panne à la moindre goutte de pluie comme autrefois. Nous avons plus de chance que les villages situés dans les vallées qui ne semblent pas du tout équipés pour affronter un temps alpin.

Je me suis tenue sur la terrasse, j'ai écouté le bruissement des flocons qui recouvrent toute chose.  Hier j'avais empilé du bois sur la terrasse, il est au sec, le feu brûle dans les poêles, les chats m'ont signifié leur refus de mettre une patte dehors. Il faudra penser à débarrasser les arbres de leur couverture cotonneuse, sinon ils casseront.
Dans trois ou quatre semaines il y aura des fleurs aux amandiers, c'est ce que je me dis, à moins que le Gulf Stream , ce courant qui tempère nos côtes, ne soit en phase de ralentissement à cause du réchauffement de la planète : si c'est le cas nous adopterions le même climat qu'au Canada puisque nous sommes à la même latitude. Pas drôle pour nous, habitués à la douceur des demi-saisons.

Dans ma famille une légende persistante raconte que le jour de ma naissance il avait gelé dans le port de Marseille, soit le 28 décembre 1962. Aujourd'hui je trouve un article qui raconte l'hiver 62-63 : le 28décembre, on a relevé 40 cm de neige sur l'île de Pomègues au large de Marseille... donc, ma légende a un fondement ! Par ailleurs, si les températures n'ont pas chuté autant qu'en 56, les gelées de l'hiver 62-63 ont duré longtemps, de novembre à mars. La Garonne  et la Gironde charriaient des glaçons, l'étang de Lacanau avait complètement gelé, l'Angleterre avait été balayée par la pire tempête de neige depuis 250 ans...

Le jour où jamais de cuisiner un plat roboratif, l'aligot :  pommes de terre en purée, muscade, poivre, sel, fleurs de thym du printemps dernier, pointe d'ail et tomme de l'Aubrac.

Alaïs a 5 ans ; il faut la persuader de troquer sa cape de velours noir qui lui donne des allures de Lady Macbeth contre un bête anorak pour aller faire des bonhommes de neige avec son amie dans le jardin... Personnellement, j'ai bien l'intention d'aller voir le lac de la Bonde enneigé sans mourir de froid.

Le ciel s'élève peu à peu, parfois un soleil pâle transparait à travers la couche nuageuse ; mais à cinq heures spectacle en technicolor digne d'un Douglas Sirk, un coucher de soleil en grand apparat sur le Luberon.

Sur le site d'Arte, vu une série de reportages édifiants sur la  lutte contre la violence à l'école dans divers pays d'Europe. L'enfance est merveilleuse. Le passage sur ce qu'en Grande-Bretagne on appelle le bullying (tourmenter plus faible que soi et l'humilier de toutes les façons possibles) me donne froid dans le dos.

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