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Portes et Miroirs, tome II
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18 septembre 2009

Fêtes

 

L_hamadryade
L'orage illuminait la campagne a giorno lorsque nous sommes revenues de la visite privée au musée Granet, Alaïs et moi. Bruno Ely, le commissaire de l'exposition a éclairé pour nous d'un jour nouveau certains tableaux, dessins ou lithographies de Picasso, en dégageant les influences de Cézanne, nous signalant ici un motif, là une recherche toujours plus raffinée de la force dans l'expression. Je suis impressionnée par une toile représentant un matador que Picasso a peinte à l'âge de 92 ans : un très grand format où les formes et les couleurs se bousculent et témoignent à la fois de son autorité et d'une jubilation intense. Je plains sincèrement les fous qui s'imaginent que le grand âge ne peut pas témoigner de ce qui importe : la vie, sous toutes les coutures, jusqu'au bout. Comme l'eau, elle se faufile partout, contourne les barrages, trouvent de nouveaux chemins. Une fête que cette visite, grâce à Sylvie. Alaïs boit du petit lait et décide de revenir à Aix seule demain pour les journées du patrimoine. J'aime cette curiosité et le plaisir qu'elle en retire.

L'après-midi, malgré les cataractes d'un fleuve qui tombait directement du ciel sur le toit et le jardin du Mas Martin, j'étais à une autre fête, attentive à ce qu' Hubert Nyssen continue de me révéler sur l'art de l'écriture. Je poursuis la saisie du texte d'un de ses manuscrits que j'avais retrouvé l'été dernier.
Demain, je serai au château de Lauris pour la fête du livre, dimanche aussi : d'autres conversations, d'autres découvertes.

J'apprends en écoutant la radio que le fruit qu'Eve avait offert à Adam n'était probablement pas une pomme mais une figue, ce qui me paraît bien plus sensuel. Sitôt qu'ils y goûtent, ils accèdent à la connaissance (au sens biblique ?), découvrent la pudeur, dissimulent leur nudité sous des feuilles de figuiers et du même coup inventent l'érotisme car le vêtement qu'on trousse ou entrebaille en est l'accessoire essentiel. Comment ne pas rapprocher le fruit rose, moite et sucré du figuier du sexe féminin ? Casanova ne s'y trompe pas qui raconte comment, à Venise, Barberine l'invite dans son jardin : " Sa mère lui dit de me donner des figues vertes si elles étaient mûres. Pour les cueillir Barberine grimpe à l'échelle qu'elle me demande de tenir. Elle me dévoila un tableau dont l'expérience la plus consommée n'aurait pas pu imaginer de plus séduisant (....) L'aidant à descendre, je lui demande si la figue que je touchais avait été cueillie, et elle laisse que je m'éclaircisse restant entre mes bras avec un sourire et une douceur qui me mettent dans un instant dans ses fers. Je lui demande si elle veut me la laisser cueillir, et elle me répond que sa mère était obligée d'aller le lendemain à Murano où elle resterait toute la journée, que je la trouverai seule, et qu'elle ne me refuserai rien."

 

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