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Portes et Miroirs, tome II
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10 juin 2009

Flotsam

134














Réveillée tôt ce matin par de la lumière grise. Je me suis levée pour regarder le ciel avec un peu d'appréhension. Des nuages rassemblés en troupeau étaient guidés par un berger pressé, si bien qu'après le petit déjeuner le ciel était vide, je veux dire le ciel était bleu.
Sur Rue 89, dans un article consacré aux abus des arrêts maladie, un journaliste facétieux conseille de ne pas confondre absentéisme et absenthéisme, mot valise défini  par Alain Créhange comme la doctrine qui affirme que Dieu existe mais qu'il n'est pas là pour le moment.
Seigneur, s'il revient et qu'il voit la façon dont toutes ses petites créatures ont rongé les parois de la jolie boîte qu'il avait fabriquée, grimpé partout, débordé de tous côtés, à la façon des escargots dans un seau, il va peut-être se sentir obligé de la ficher à la poubelle, son ingénieuse création. Est-ce qu'il ne l'aurait pas déjà fait, d'ailleurs ?

Enfin, il nous reste de beaux ciels à regarder et de bons livres à lire.

Justement, j'ai de la chance, en peu de jours je tombe sur un autre roman dont l'écriture me plaît infiniment, The Law of Invisible Things de Frank Huyler. C'est Christine qui me l'a prêté après l'avoir traduit. C'est à elle aussi que je dois la découverte de Train de nuit pour Lisbonne.

Hier j'ai cherché un mot précis pour nommer les débris abandonnés par la mer, les restes de naufrages ; il y a bien  laisse de mer et aussi épaves mais il me semblait qu'il existait un autre mot plus compact, un mot qui englobait mieux tous ces fragments d'origines diverses abandonnés sur la plage et les rochers. Je me suis rendu compte que le mot qui peinait à se frayer un chemin dans ma mémoire, c'est flotsam, un mot anglais.

J'adore ce mot, le prononcer ; dans le f et le s, on entend le mouvement du ressac, le l, d'évidence, c'est l'élément liquide qui clapote contre le t, obstacle des dents ; le o, le a, bulles d'air libre ballotées dans la bouche...  Je divague, c'est vrai, mais les bois flottés, les sacs en plastique, les os de seiche, les corps d'oiseaux englués de goudron, les algues, les morceaux de tôle, je les entends et les vois bien dans flotsam...

Flotsam and jetsam, la laisse de mer, l'image n'est pas équivalente. En français, c'est ce qui reste sur la plage après la vague, sur l'estran. Dans flotsam, il y a aussi tout le parcours dans l'eau. Et puis, par extension, flotsam and jetsam désigne toute sorte d'épaves et de débris abandonnés. Voyager dans les dictionnaires, s'embarquer en clandestin, sans papiers ni bagages, passer d'île en île, faire des découvertes, c'est un plaisir tranquille auquel je m'adonne sans contrainte...

Ce soir j'ai regardé le premier film d'Elia Kazan, A Tree Grows in Brooklyn, un mélodrame splendide qui dépeint la vie quotidienne d'une famille d'immigrés irlandais au début du siècle dernier. Le père rêve tout haut et boit, la mère fait des ménages, la fille rêve de devenir écrivain pour transformer sa vie. Je suis bon public, je pleure mais je ne suis pas la seule... B* regarde le film avec l'un des chats sur les genoux pour se consoler... Je voudrais bien l'autre, mais il chasse le criquet dans les rosiers.

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