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Portes et Miroirs, tome II
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17 avril 2009

Juste avant les vacances

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Aujourd'hui je n'ai pas cours en principe mais je dois retourner au lycée dans l'après-midi pour une journée où divers
organismes et entreprises  de la région viennent décrire la vie professionnelle qui attend nos élèves s'ils veulent bien se conformer aux codes qu'on leur énonce plaisamment. Je suis assise au fond de la classe et sursaute parfois comme si une guêpe me piquait. Les élèves n'osent pas trop poser de questions, je vois qu'ils s'ennuient ferme selon les interlocuteurs : ceux qui s'écoutent parler religieusement sont absolument terribles. Quand je pense qu'une de nos collègues a inventé de tenir les gamins  enfermés dans une salle de 9h à 16h à écouter des leçons de morale entrepreneuriale, je suis sciée. En tant qu'adulte, j'ai eu le privilège de n'arriver qu'à treize heures trente, et ce que j'entends m'intéresse beaucoup, mais je n'ai pas le même point de vue que mes ouailles. Je trouve qu'il faudrait partir de ces interventions pour mener une réflexion sur ce qu'on attend du monde où nous vivons, du rôle que chacun peut espérer y prendre ; hélas, telle qu'elle est conçue, la journée est un déversoir d'idées toutes faites, les élèves n'attendent que le signal de partir en vacances pour deux semaines. Au retour, ils n'auront plus envie d'en parler, le temps pour eux ce sera étiré bien plus que pour nous, ils seront près d'oublier ce que nous avons encore en tête ; ils s'en souviendront, mais bien plus tard.

Heureusement, ma matinée avait une figure bien plus riante : d'abord la surprise d'un ciel si haut qu'on avait envie de sauter du balcon ou de jongler avec les tartines mais je me suis montrée plus austère. Après un rapide petit déjeuner en pull (en avril, garder tous ses fils) sur la terrasse, je suis allée travailler trois heures dans ma resserre à livres à la bibliothèque de Cadenet : une belle salle voûtée où l'on a dressé une yourte pour les soirées contes qui s'y tiennent parfois. Je suis seule et je travaille sans faiblir. Je me sens euphorique d'avoir trouvé cette solution au lieu de mijoter dans la trouble culpabilité de n'avoir pas su profiter des périodes libres que j'avais. De cette façon, en trois heures, j'abats le travail de trois jours et je peux ensuite aller recharger et la batterie de mon portable et celle de ma cervelle sans me sentir en faute. Pourquoi n'ai-je pas envisagé cette solution plus tôt ? C'est sans doute que ce n'était pas le bon moment. J'ai tendance à croire qu'il faut laisser les choses arriver en temps et en heure.

Ce soir, je vais jusqu'au plateau de Bibemus et j'ai la chance de voir un bel orage arriver par-dessus la Sainte Victoire. Les chênes sont parés de pousses ouatées, les arbres de Judée couverts de boutons d'un rose strident, le tout se détache sur fond de volutes ardoisées striées d'éclairs. Le syndicat d'initiative aixois se surpasse. Je rencontre FD* et deux de ses amies, nous discutons bon train jusqu'à l'heure où je vais retrouver Alaïs qui revient de chez un pâtissier où elle voudrait travailler pendant les vacances. Cet après-midi, son lycée organisait un carnaval, elle s'était déguisée en comtesse Bathory... Elle mangeait des profiteroles ou des religieuses, la comtesse Bathory ? Je retrouverai F* et F* puisqu'elles portent le même prénom, à la Comédie du Livre de Montpellier le week-end de Pentecôte.

Complaisance. Je loue les mérites d'un livre et on me demande si dans mon appréciation il entre une part de complaisance. Alors bien sûr, comme il me semble être honnête la plupart du temps (voyez à quel point je le suis, honnête : je n'ose même pas affirmer que je le suis) je m'interroge. Pourrais-je dire à un ami que son livre je le trouve beau, troublant, bouleversant juste pour ne pas lui faire de peine ? Je pense déjà que je ne lirais pas le livre d'un trait et en apnée s'il me déplaisait et qu'ensuite je me montrerais sobre dans mon appréciation. Certes je n'irais pas jusqu'à m'exclamer que son livre vraiment m'a déplu, mais j'éviterais de lui dire combien il m'a touchée, comme il m'a clouée au canapé où j'étais pour le lire. (A Michalon qui doit s'étonner de mon silence, qu'il ne s'inquiète pas, je n'ai pas encore lu son roman et qu'il le sache, le rouge de la honte couvre mon front !). Alors non, je ne me sens coupable d'aucune de ces indulgences qu'on a pour faire plaisir.
Orage___Bibemus

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